En témoigne cette Immaculée Conception blanche et bleue mais un peu floue, telle une apparition. Un enlacement homme / femme se devine et, malgré l’imprécision des traits, on perçoit l’intensité du sentiment chez ces deux êtres dont l’artiste, une fois encore, nous a dérobé le regard.
L’homme à la chaise; le couple de paysans sur fond de chapelle villageoise; les gosses revenant de la corvée d’eau et gambillant dans la poussière ocrée du chemin, poussant devant eux un «tap-tap» de bois; le petit cycliste déluré sur son grand vélo; l’ânier sur sa monture croqué à grands traits vifs; les couples d’enfants, frères et sœurs sans doute, qui témoignent encore de cette volonté de tamiser la lumière tout en exaltant les coloris; foulards couleur de soleil qui enserrent les fronts de nos marchandes sur fond d’intérieur ou de paysage de la brise vaporeuse d’une tremblante aurore.
Nous devons encore nous arrêter devant les natures mortes, arbres, fruits, ou devant des oiseaux colorés comme des fleurs ou devant des fleurs aériennes comme des oiseaux; des colombes bien sûr, messagères d’harmonie, des vases où des fleurs exquises meurent sur leur tige avec la grâce des choses qui se défont.
Sur l’onde, d’un bleu violet, un esquif à la voile multicolore s’apprête à s’élancer vers ce grand large où aspirent les poètes quand leur navire est poussé par un rêve intérieur.
Haïti est tellement présente dans ce cierge multicolore qui s’étire sur un fond mauve pâle comme pour mieux souffrir. Syncrétisme de culture: une harpe avoisine avec un tambour vaudou et une lampe «tèt gridap» dont la flamme orange dessine un curieux point d’interrogation.
Ansy, amoureux de la lumière, a mis tout son amour de la vie dans cette dernière toile: un massif de fleurs de toutes les couleurs, qui frappe l’œil comme un coup au cœur, vivant feu d’artifice d’espoir.
A notre époque pressée, bousculée, harcelée, qui ne sait plus reconnaître ses valeurs essentielles, Ansy Dérose, artiste total, divers et multiforme, a voulu nous laisser sa peinture, cette somme de son art qui souligne l’accomplissement d’une âme, celle d’un artiste complet, à la fois fort, tendre et fragile, qui se dévoile ici avec la pudeur des grands.
Paulette Poujol Oriol
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La peinture
d'Ansy Dérose par: |
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