Le 16 mai 2009, la commune de Milot, située dans le Nord d’Haïti a été le siège du lancement officiel du Mémorial Sida à la Chandelle, événement international qui a antérieurement eu lieu trois fois aux Etats-Unis et une fois au Malawi. Cette inauguration devait se dérouler sur un podium décoré d’une énorme bougie centrale et de rubans rouges, installé sur le parvis du Palais Sans Souci, monument historique serti comme un bijou précieux dans une nature montagneuse et luxuriante, qui demeure un vestige impressionnant et éloquent du faste et du génie créatif de nos ancêtres.
Le début de la cérémonie était prévu pour 5 heures p.m. et une foule nombreuse avait fait le déplacement : les habitants de la localité, les membres de la Fondation POZ et leurs partenaires, les personnalités locales et étrangères, la Première Ministre et des officiels du Gouvernement. Cependant, le ciel était assez inquiétant et morose, de nombreux nuages gris se faisaient de plus en plus menaçants et le déclenchement de violentes pluies torrentielles et sectorielles démobilisa l’assistance qui tentait de s’abriter de son mieux. La pluie redoubla d’intensité et était accompagnée de violents coups de tonnerre. Les membres de l’équipe d’Essence Haïti, de PDG Communications, responsables de la logistique du spectacle, ont fait preuve d’une grande ingéniosité; vite fait, les spectateurs ont tous eu des sachets pour servir tantôt de pardessus, tantôt de couverture de siège…
Face à cette nature en furie, les autorités décidèrent d’évacuer les lieux et la rumeur de l’annulation de l’événement, relayée par des média, se répandit jusqu’à Port-au-Prince.
Les deux heures de pluies torrentielles n’ont pas ébranlé la détermination des Productions Yole Dérose en charge de la conception et de la réalisation de la partie artistique et culturelle du Mémorial. Faisant montre d’un professionnalisme à toute épreuve, Yole Dérose, Daniel Marcelin, Jean-René Delsoin, les techniciens, l’équipe de «Musique des Antilles», sur place depuis plus de dix jours, les artistes, tous ensemble s’attelèrent à rebrancher le matériel, sécher le plancher de la scène avec des moyens de fortune, et mettre une dernière touche aux maquillages et aux costumes. Ce branle-bas attira le public qui avait fui la pluie et rapidement, une foule très dense envahit l’esplanade.
A 8 heures p.m., les artistes étant fin prêts, le spectacle débuta par «Blakawout» une composition d’Eddy François, dansée par quatre membres de la Compagnie Jean-René Delsoin dont la brillante performance capta une fois pour toutes l’attention du public. Puis, un chœur composé des trois talentueuses Renette Désir, Nadège Dugravil et Esther Délère, donna officiellement le coup d’envoi en entonnant un couplet de la Dessalinienne en français, puis en créole. Cette interprétation de notre hymne par des voix féminines laissa augurer une soirée peu ordinaire sous le ciel de Milot constellé d’étoiles scintillantes.
La voix de Smoye Noisy, forte et impressionnante, a replacé cette manifestation dans son contexte, et tout de suite Réginald Lubin prit la parole pour souhaiter la bienvenue à tous ceux-là qui étaient présents malgré la pluie et faire brièvement l’historique de la célébration du Mémorial Sida à la Chandelle.
La voix de Fritzlaine Thézan a enchainé en rendant hommage aux victimes du Sida et a terminé par une note d’espoir, sur la célébration de la Vie. Des danseurs de la Compagnie JRD ont alors exécuté des mimes sur la chanson «Soufle Van», thème folklorique interprété avec brio par le chœur féminin. Les trois choristes revinrent sur la scène pour chanter une composition stimulante et entrainante en faveur du reboisement «An nou plante pye bwa», suivie du slogan «Ansanm nou se solisyon an».
Ce fut ensuite l’arrivée sur la scène de la grande dame de la chanson haïtienne, Emeline Michel, qui a salué et remercié le public de Milot qui ne s’est pas laissé intimider par la pluie. Elle a interprété des chansons qui ont été illustrées par des chorégraphies exécutées par les danseurs de la Compagnie de JRD, habillés par les stylistes Maëlle David et David André. Emeline a prouvé, une fois de plus, son professionnalisme et sa parfaite maitrise de la scène en s’intégrant dans le spectacle orchestré par Yole Dérose et en préparation depuis plusieurs semaines avec les musiciens et autres artistes participants. Elle a été chaudement saluée par le public après avoir chanté, comme elle en a le secret, avec son cœur et ses tripes.
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